En Lorraine du fer, le paysage des vallées industrielles s'est fortement modifié au cours du XXe siècle grâce à l'essor d'une mono-industrie puissante : l'industrie sidérurgique. Pourtant, à partir des années 1960, les immenses usines sidérurgiques commencent à s'éteindre, faisant apparaître un nouveau chantier dans l'histoire de l'aménagement du territoire : la reconversion des friches sidérurgiques. L'usine sidérurgique est progressivement devenue au cours des soixante dernières années un objet architectural fort et symbolique. Rasée, en ruines, reconvertie ou toujours en activité, elle témoigne aujourd'hui d'un siècle d'épopée industrielle, d'un savoir-faire, d'une spécificité du territoire, mais aussi d'une multitude de professions : sidérurgiste, aciériste, haut-fourniste, etc. Cette thèse en histoire de l'architecture a pour objectif d'étudier la progressive mutation de l'usine sidérurgique en Lorraine du fer devenue « lieu de mémoire ». Il s'agit d'analyser l'évolution des débats théoriques et urbanistiques liés à l'usine et à la friche sidérurgique à partir de 1966 tout en questionnant l'apparition de nouvelles valeurs patrimoniales dans un contexte de désindustrialisation progressive. Ce travail nourrit trois ambitions : - Reconstituer l'histoire de la reconversion et de la patrimonialisation des sites sidérurgiques par l'analyse de fonds archivistiques ; - Analyser les projets de reconversions et les choix opérés au cours du temps en soulignant les débats théoriques suscités à l'échelle nationale et locale ; - Inventorier les différents types de vestiges disponibles en Lorraine du fer et analyser les différentes opérations permettant à l'usine sidérurgique de changer d'état au cours du temps en utilisant les méthodes de l'anthropologie de l'art.