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« WHeRe-WHat-Reims : World Heritage Research for application on territory »



Présentation du projet postdoctoral:

a. Constat scientifique à l'origine du projet:

Depuis plusieurs années, le LHAC travaille sur les questions spécifiques posées par le Patrimoine Mondial; à travers ses expertises, notamment les dossiers de candidature pour le Havre et pour Metz, il apparaît qu'un des verrous «méthodologiques» réside dans la compétence à définir la valeur universelle exceptionnelle (VUE) d'un bien et à élaborer les plans de gestions correspondants. Ainsi la méthodologie déployée se présente-t-elle comme un enjeu de recherche. De fait, il existe des attentes de collectivités et de propriétaires en charge de biens inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial ou candidat à cette inscription. Par ailleurs, les compétences des bureaux d'études pour saisir ces nouveaux marchés sont encore très faibles.Tandis queles recherches liées au patrimoine mondial se concentrent aujourd'hui en grande partie sur la dimension touristiqueet les enjeux en termes de rayonnement et d'attractivité. Il existe cependant une lacune concernant la formation des acteurs de la filière patrimoine et la mise en place de méthodes de travail et de grilles d'analyse qui permettent de favoriser la constitution de candidatures au Patrimoine Mondial ainsi que la gestion des biens déjà inscrits. Dans ce contexte, la ville de Reims, qui possède quatre biens inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial, ne possède pas de plan de gestion et souhaite engager sa constitution en menant en parallèle une réflexion théorique qui pourra servir de modèle et ouvrir des perspectives pour les autres sites concernés.

b. Le plan de gestion d'un bien inscrit au titre du Patrimoine Mondial: un document «projet» complexe rendu essentiel depuis peu

Suite à la conférence des nations unies sur l'environnement humain deStockholm en juin 1972, une convention sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel a étéadoptée par la conférence générale de l'UNESCO, le 16 novembre. Depuis, de nombreux sites viennent enrichir chaque année la liste des biens dont la valeur universelle exceptionnelle est reconnue.Dans ce cadre, l'UNESCO demande de mettre en oeuvreun plan de gestion, qui permet aux villes de faire vivre ce patrimoine et d'en garantir la préservation. Les paragraphes 108 à 118 des «Orientations devant guider la mise en oeuvre de la Convention du patrimoine mondial» de juillet 2012 définissent plus en détail ces systèmes de gestion dont le but «est d'assurer la protection efficace du bien proposé pour inscription pour les générations actuelles et futures». Pour garantir la valeur universelle exceptionnelle des biens inscrits au patrimoine mondial, l'UNESCO demande à ce qu'une vigilance accrue soit apportée à la gestion et à la protection des biens concernés. La mise en place d'un plan de gestion, qui doit nécessairement se baser sur la définition de la valeur universelle exceptionnelle des biens concernés, est l'occasion d'une nouvelle étude permettant de questionner leur actualité. La loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de création, à l'architecture et au patrimoine insiste sur les trois notions de gestion, de protection et de mise en valeur d'un bien UNESCO, qui
École nationale supérieure d'architecture de Nancy -3/5doivent être portées conjointement par l'État et les collectivités territoriales.Si nombre de biens français inscrits depuis plus de dix ans n'ont cependant pas été dotés d'un tel outil, les autorités compétentes sont aujourd'hui invitées à en proposer un, dans le prolongement des documents d'orientations présents dans tout dossier de candidature validé par l'UNESCO.

c. Reims, un cas d'étude régional à requestionner et qui concentre l'ensemble des problématiques permettant d'élaborer une méthodologie réplicable et exportable

Sur la quarantaine de biens français inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial par l'UNESCO, la région Grand Esten compte sept. La ville de Reims compte ainsi deux biens sur son territoire: la cathédrale, l'ancienne abbaye Saint-Remi et le palais du Tau à Reims (1991); les coteaux, maisons et caves de Champagne (2015). Si les coteaux, maisons et caves de Champagne bénéficient d'un plan de gestion adapté, le bien inscrit en1991 n'en possède toujours pas. L'opportunité de mener une réflexion approfondie s'offre donc et présente une réelle actualité, alors que Strasbourg s'est dotée de son propre plan de gestion et que les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle sont eux aussi dans cette même démarche.Le classement au titre des monuments historiques de trois biensinscrits sur la liste du patrimoine mondial en 1991 garantit leur protection, comme le demande l'UNESCO. Cependant, la lacune que constitue l'absence d'un plan de gestion nécessite une étude approfondie du projet. Une diversité d'acteurs est concernée par cette réflexion. De fait, la cathédrale est propriété de l'État, qui en est gestionnaire. La mise en valeur et la gestion touristique sont cependant partagées entre l'État, par le bais du centre des monuments nationaux (CMN) et de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC), l'évêché affectataire et la ville de Reims. Le CMN est également chargé du palais du Tau, dont l'État est également propriétaire. L'ancienne abbaye Saint-Remi est pour sa part propriété de la commune.Si l'État est le garant du caractère universel exceptionnel, la ville à tout intérêt à l'épauler et à prêter attention à l'accroche locale et à l'appropriation du bien par ses habitants: le patrimoine se doit d'être approprié par tous. Cet aspect fait écho aux objectifs stratégiques de l'UNESCO, à savoir les «5C»: Crédibilité, Conservation, développement des Capacités, Communication et Communautés. Dans un souci partager de se coordonner, le rôle moteur de chacun est de souligner, tant des autorités étatiques que des pouvoirs locaux, sans oublier les habitants, les touristes et toutes les personnes qui contribuent à donner une actualité à ce patrimoine historique


Résumé : En 2020, quarante-cinq sites français sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco et trente-sept sur la liste indicative. Depuis 2016, la loi française LCAP rend les plans de gestion obligatoires pour tout bien Unesco. Dès lors, le besoin en expertise patrimoniale et d'aménagement de la part des collectivités territoriales croît. Face à ces enjeux, l'architecte peut devenir un acteur clef au regard de ses compétences. Cette recherche en décryptant la démarche d'élaboration d'un plan de gestion à l'Unesco, propose de le questionner comme projet territorial et comme outil de gouvernance. Elle se structure selon trois postures inhérentes aux enjeux patrimoniaux: (1) L'observation du contexte dans lequel se situe le « bien 91 » au travers d'une analyse selon une perspective historique des documents Unesco, des textes législatifs et réglementaires nationaux régissant les territoires et le patrimoine et des plans d'aménagement urbain du territoire rémois. (2) Le recueil des pratiques, discours et stratégies existants au travers d'une ethnographie des groupes d'acteurs professionnels, institutionnels, associatifs et habitants. (3) La conception de fiches d'action pour le plan de gestion du « bien 91 » et l'élaboration d'une démarche de réalisation de plans de gestion.

Référents pour ce projet :

  • Pierre MAURER, maître de conférences associé à l'ENSA Nancy et chercheur au LHAC.
  • Véronique ZAMANT, chercheuse en post-doctorat et membre associée du LHAC.