domus lab 2023 2024

DOMUSLAB 2023/2024

Sobriété foncière, situations architecturales #6
 

Pendant plusieurs mois, des étudiants en 2e année de cycle Master de l'école d'architecture de Nancy ont implanté leur atelier de projet dans les deux communes limitrophes de Moineville et de Valleroy (Meurthe-et-Moselle). Rencontres, échanges avec les habitants et les acteurs du territoire sont au coeur du dispositif d'enseignement dont les travaux seront restitués devant les élus.
 

>> Atelier de projet immersif pour les étudiants de deuxième année de master, intégré à Domus Lab, groupe permanent sur l'architecture domestique dans le Grand Est.
A suivre sur instagram : @domus_lab_

Enseignants
Nadège Bagard,
architecte, maître de conférences à l'école d'architecture de Nancy et coordinatrice de l'atelier
Sophie Caraux,
architecte
Xavier Le Clerre,
architecte, maître de conférences associé à l'école d'architecture de Nancy
Avec la participation de
Sylvain Sabau
architecte, maître de conférences à l'école d'architecture de Nancy

Problématique

Sobriété foncière, situations architecturales

Réduire le rythme de l'artificialisation et de la consommation du sol est un des grands objectifs fixés aux collectivités territoriales françaises par le Plan Biodiversité de 2018, puis par la Convention Citoyenne pour le Climat (2019-2020), et enfin par la loi Climat et Résilience (2021).

Dans ce contexte,  qu'en est-il des petites et moyennes communes qui ont pour beaucoup connu une période prospère au cours du XXe siècle, en partie liée à la présence d'une industrie prodiguant plein emploi, croissance démographique, services et équipements et dont la question démographique est vitale aujourd'hui  et engage tous les pronostics à court terme : une classe qui ferme, un équipement qui n'est plus à niveau ou un médecin qui part sans successeur à la retraite, et c'est toute la fragile dynamique locale qui vacille.

Dès lors, il est logique que toute l'énergie des élus de ces communes, souvent particulièrement et sincèrement engagés, soit tendue vers un horizon de croissance démographique. Le modèle de ce développement, depuis la loi Chalandon de 1971, est traditionnellement celui du modèle du
pavillonnaire, système monofonctionnel, proliférant, promouvant la maison avec jardin comme l'horizon désirable d'une vie « à la campagne », « au village » voire « à la nature ».
Aujourd'hui, ces territoires qui ont connu un développement incontrôlé, ou connaissent une expansion assez libre, doivent faire le pari de nouvelles formes (urbaines, architecturales, juridiques, foncières) pour continuer à se développer sans s'étendre. Souvent confrontées au cercle vicieux dans lequel chaque
nouveau lotissement provoque l'augmentation de la vacance, ces communes sont abondamment fournies en diagnostics économiques et urbains, mais démunies en termes de plan d'action et de moyens financiers.

Comme pour les expériences passées des ateliers DOMUS LAB depuis 2016, ces questions seront explorées et testées par le projet architectural, ici utilisé comme moyen de recherche et de réflexion libre entre les étudiants, les chercheurs et les acteurs de terrain.


 


Sujet de l'atelier #6

Cette année, les travaux engagés portent sur le potentiel de densification et de diversification de l'offre de logement dans les communes rurales désindustrialisées.

Partir d'une recherche située sur le logement permettrait-il d'alimenter l'élaboration de nouvelles stratégies de planification urbaine ?

L'incarnation par le projet architectural d'un renouvellement typologique pourrait-il faire évoluer les montages opérationnels, le panel des acteurs et les règles du jeu

L'atelier de projet a élu résidence en terrain concret, Les étudiants investissent les lieux par différents moyens médiatiques et techniques pour rencontrer les habitants, les élus et acteurs de terrain et identifier des potentiels de projet basés sur une approche multiscalaire : de l'espace domestique à l'espace public.

photo insta domus_lab_


Terrain de projet : Valleroy et Moineville

La Communauté de communes Orne Lorraine Confluences (CC OLC) est située dans le nord du département de la Meurthe et Moselle (54). Elle comprend 41 communes et compte près de 53 076 habitants en 2018 (INSEE) sur une superficie de 392,8 km2. Localisée entre les côtes de Meuse et de Moselle, son territoire occupé à 70 % par des espaces agricoles, 20 % par des forêts, 10 % par des espaces artificialisés (aires bâties, réseaux de transport), est bien desservi par les transports routiers et ferroviaires. Les déplacements sont essentiellement liés au Sillon mosellan et à l'agglomération messine.
Le parc de logements est vieillissant et « énergivore ». La part des logements vacants est élevée puisqu'elle atteint 10,9 % en 2018 (INSEE) avec une part importante de ces logements située dans des cités ouvrières. Le tissu économique est constitué́ de petites entreprises principalement reparties dans le
tissu urbain des communes, tandis que les principaux établissements du territoire se localisent dans sept grandes zones d'activités jugées stratégiques ou de portée intermédiaire (dont la zone de Batilly qui accueille une usine du groupe automobile RENAULT, premier employeur privé de Meurthe-et-Moselle
avec 2 700 emplois).
Dans le contexte de l'élaboration du PLUiH, la collectivité doit prendre acte d'une balance démographique nulle, voire négative, et d'un taux de vacance significatif. Pour prendre en compte la loi Climat et Résilience et son objectif de zéro artificialisation nette, l'enjeu pour le territoire est donc de reconsidérer a minima sa capacité à soutenir l'activité économique (création d'emplois) et à impulser une dynamique de construction de logements en mobilisant le potentiel d'habitats vacants, les dents creuses, les friches, le foncier non utilisé en zones d'activités, cela avant de consommer des terrains naturels, agricoles ou forestiers (Rousseaux Perin, 2018).
Alors que l'intercommunalité va proposer une nouvelle gouvernance et une méthodologie de travail pour aboutir à un nouvel arrêt du PLUi en 2023 (grâce à la collaboration avec l'Etablissement Public Foncier - EPFGE et l'Agence d'Urbanisme et de développement durable Lorraine Nord - AGAPE), il semble
essentiel de coupler ce travail technique et politique à une approche expérimentale et pédagogique, qui permettrait aux élus de se projeter dans un modèle de développement alternatif où la diffusion du bâti et le mitage urbain (Stébé, 2021) ne sont plus synonyme de passage obligé pour inscrire l'intercommunalité
dans une dynamique démographique positive.


L'atelier DomusLab 2023/2024 est réalisé dans le cadre de la convention de partenariat signée entre l'école d'architecture de Nancy et la Communauté de communes Orne Lorraine Confluences (CC OLC)