Le caractère novateur de cette recherche se trouve dans la volonté de fonder ces expérimentations sur le croisement de données sociologiques, techniques et architecturales.
Pour explorer ces questions, la mise en place d'une interaction multidisciplinaire a présidé à l'organisation de l'équipe engagée durant les 8 mois du programme de recherche-action. Des phases de travail approfondi à l'intérieur des trois pôles - architecture, technologie et sociologie - ont été rythmées et nourries par des points d'étapes réguliers, véritables jalons dans le processus. Trois thématiques sont au coeur de cette recherche : performance énergétique et environnementale, évolutivité et adaptabilité des logements, transformation d'usage et évolution des bâtiments, le ressenti des habitants étant au coeur de la démarche.
Les acteurs du Villemin-Lab veulent ainsi engager une réflexion approfondie sur une méthodologie de traitement du bâti existant installé au sein de friches urbaines, répondant ainsi à un double enjeu : faire face à la raréfaction du foncier, et renforcer les connaissances sur la reconversion du patrimoine existant.
En liant les compétences de cette équipe pluridisciplinaire : maître d'ouvrage, architectes, chercheurs et doctorants, l'ambition est de proposer des méthodes qui amélioreront demain les transformations de l'existant.
Le fruit de cette première période d'expérimentation a pris la forme de deux guides méthodologiques : académique et opérationnel. Ils ont été présentés le 31 octobre dernier à la Caisse des Dépôts et Consignations en présence de la ministre du logement Emmanuelle Cosse.
A l'échelle du Grand Est et dans le cadre de l'initiative de région Architecture, les écoles souhaitent développer des chantiers écoles démonstrateurs au sein des friches patrimoniales de la région et des territoires transfrontaliers en impliquant des bailleurs sociaux et en s'inscrivant dans une dynamique d'insertion professionnelle.
Elles comptent poursuivre cette dynamique pour une innovation architecturale pluridisciplinaire au service des cultures d'habiter, de l'économie et de l'attractivité du Grand Est.
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Les bailleurs sociaux visitent le Villemin Lab à Nancy vendredi 13 janvier 2017
Ce laboratoire du logement social expérimente la reconversion des architectures et développe la recherche architecturale au service de la qualité des usages dans le Grand Est
13/01/2017
Villemin Lab : un laboratoire du logement social au centre de Nancy
Nouvelle étape pour le VilleminLab : présentation d'un nouveau prototype le 15 septembre
05/09/2016
Villemin Lab : premier démonstrateur architectural pour accélérer l'innovation par et pour l'architecture
Des prototypes de logements sociaux présentés aux habitants
de l'agglomération nancéienne pour mieux comprendre leurs
attentes et aux professionnels pour faire émerger de nouvelles
pratiques
06/07/2016
ANCIEN SANATORIUM VILLEMIN À NANCY
Installé à Nancy, à la limite de Vandoeuvre, sur un site d'environ cinq hectares entre la voie ferrée, le cimetière du Sud et un tissu de faubourgs, l'ensemble hospitalier Villemin-Maringer-Fournier borde depuis cent ans le quai de la Bataille, là où en 1477, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, perdit la vie lors de la Bataille de Nancy. Trois hôpitaux, Villemin, Maringer et Fournier, qui, au fil de l'évolution des pathologies, ont vécu les vastes progrès de la médecine du XXème siècle.
L'histoire de l'hôpital s'est écrite de 1914 à 2014, mais certains bâtiments sont bien plus anciens. À l'origine maison de campagne des Jésuites au XVIIIème siècle, agrandie au XIXème par les Dames du Sacré-Coeur en maison d'éducation des jeunes lles, le bâtiment Maringer et son terrain sont rachetés au début du XXème siècle par la commission des hospices de Nancy pour y aménager un hôpital-sanatorium pour les tuberculeux : le bâtiment Villemin. Le bâtiment Fournier a été construit en 1925 tandis qu'une aile a été accolée à Maringer en 1941.
Le départ des soeurs annonce l'évidente suite de l'histoire.
La pratique des di érentes disciplines évolue, les exigences de la médecine contemporaine ne sont plus les mêmes, si bien que les bâtiments du quai de la bataille se révèlent bientôt obsolètes.
1973 sonne l'inauguration du site de Brabois, où les services de l'hôpital sont peu à peu transférés, dans des locaux plus adaptés à une pratique moderne de la médecine. Depuis 2014, l'ensemble est désormais entièrement désa ecté. Racheté par Batigère en 2015, ce morceau de ville est sujet à des études pour imaginer son devenir.
Certains bâtiment d'intérêt patrimonial seront conservés, c'est le cas de Villemin et de Maringer, ainsi que sa chapelle. D'autres, comme le bâtiment Fournier et quelques corps de bâtiments, seront détruits. À cela s'ajouteront des construc- tions neuves et l'aménagement des espaces non bâtis en parcs, jardins, cheminements piétons, parvis.
Le bâtiment Villemin sera le premier à faire l'objet d'une reconversion.
Sa forme très particulière contraint fortement sa transformation. Son usage premier de sanatorium a dicté des caractéristiques bien spéci ques.
De grands volumes et de larges baies étaient requis a n de soigner les patients par l'air et la lumière. Ainsi, les hauteurs sous plafond sont de quatre mètres, de manière à offrir une quantité d'air su sante entre deux aérations espacées de 24 heures.
Les chambres étaient toutes disposées plein Sud, les circulations se faisant par de longs couloirs en façade Nord. Cette composition aboutit à une faible épaisseur du bâtiment : 8 mètres de largeur intérieure.
La conséquence de cette faible largeur est une longueur conséquente : le bâtiment s'étend sur 150 mètres, présentant ses vastes terrasses en partie centrale, entre les deux ailes. L'une abritait le service femmes, l'autre le service hommes. Au dernier étage, on retrouve également des terrasses aux extrémités des deux ailes.
Chaque aile dispose de deux cages d'escaliers, aux extrémités. Du côté Nord des terrasses centrales, un petit bâtiment abritait la communauté des soeurs. Il dispose de sa propre cage d'escaliers, portant à cinq le nombre de circulations verticales sur l'ensemble du bâtiment.
L'édi ce compte cinq niveaux. Le sous-sol est semi-enterré, s'ouvrant sur un parvis au Nord, en contrebas. Le rez-de-chaussée est quant à lui au niveau du grand parc reliant les bâtiments Maringer et Villemin. On retrouve ensuite deux étages courants avant d'arriver aux combles, aménagés également.
La façade Sud présente un rythme particulier, alternant grandes et petites travées, qui se traduisent à l'intérieur par une succession de chambres de six et de deux lits.
Toutes ces caractéristiques in uent sur les possibilités et les difficultés de la reconversion de Villemin en logements collectifs.
Tout d'abord, la hauteur sous plafond est un des premiers points venant entra- ver une conception conventionnelle de logement. Les quatre mètres, acceptables pour de grandes pièces, se révèlent disproportionnés dès que l'on divise l'espace, notamment pour les pièces aux surfaces les plus faibles.
Aménager un étage intermédiaire ou une mezzanine pose en revanche d'autres problèmes de hauteur sous plafond ou de connexion aux baies de la façade.
La desserte des appartements suscite également de nombreuses possibilités.
La plus simple serait de maintenir le système de longs couloirs existant, préservant la grande perspective intérieure le long de la façade Nord. Mais cette solution ne serait pas la plus rentable en matière de surfaces utiles et induit des logements en totalité mono-orientés. La séparation de chaque couloir en deux, chacun accessible depuis un escalier, permettrait d'installer des logements traversants en partie centrale de chaque aile.
Autre solution, la création d'un nouvel escalier intermédiaire au milieu de chaque aile. Cette version raccourcirait les longueurs de couloirs, en rendant les logements traversants.
Une autre possibilité consisterait en le transfert des circulations à l'extérieur, sous forme de coursives installées en façade Nord, qui desserviraient les logements, cette fois tous traversants. Se pose alors la question des circulations verticales. La mise en place d'un nouvel escalier extérieur permettrait la construction de logements à l'emplacement des anciennes trémies d'escaliers.
La question des prolongements extérieurs suscite d'évidents questionnements lors de la reconversion d'un édi ce aux qualités patrimoniales tel que le sanatorium Villemin. Les terrasses existantes, entre les deux ailes et au dernier étage, bien que vastes, ne pourraient béné cier à l'ensemble des logements.
La mise en place de balcons en façade Sud soulève a priori deux possibilités. La démolition de certaines allèges semble dommageable pour la composition générale, en raison de la présence de modénatures remarquables en pierre et en brique. L'autre solution serait de surélever l'accès aux balcons au niveau du dessus de l'allège, ce sce- nario étant rendu possible par la hauteur des baies, plus de 2,60 mètres. Ce dispositif nécessite cependant une ré exion particulière pour l'accès intérieur à ces balcons : plancher surélevé, emmarchement, demi-niveau.
La création de jardins d'hiver à l'intérieur de l'emprise du bâtiment aurait l'avantage de ne pas modi er l'aspect des façades tout en offrant un espace extérieur en été, pouvant s'ouvrir sur le séjour en hiver a n d'adapter le lieu de vie aux saisons.
Le sous-sol semble peu propice à l'aménagement de logements. En effet, sa situation semi-enterrée plein Nord n'est pas favorable à des espaces de vie agréables. D'autres activités pourraient cependant être envisagées : commerces, bureaux ou locaux an- nexes pour les logements. Le quartier semble effectivement manquer de commerces et cet espace serait un moyen de les intégrer à la nouvelle opération.
Sans la surface du sous-sol, le reste du bâtiment compte 4700 m2 de surface de plancher, soit une capacité d'une cinquantaine de logements.