L'Académie de Stanislas a pour objectif principal de promouvoir, en Lorraine, une production intellectuelle de haut niveau.
Elle décerne chaque année des prix littéraires, scientifiques, artistiques.
Depuis de nombreuses année, l'Académie de Stanislas attribue son prix d'architecture à une ou un diplômé de l'école d'architecture de Nancy pour récompenser la qualité de son projet de fin d'études (PFE). La première sélection revient aux enseignants responsables d'ateliers de projets de l'école qui présentent un ou diplômé de leur atelier en motivant leur choix par écrit au jury final composé d'académiciens et de représentants du parteneraire de ce temps fort pour l'école d'architecture de Nancy : Meurthe-et-Moselle Habitat (mmH), organisme de logement social départemental.
Site de l'académie de Stanislas - Lauréats Prix d'architecture
Le jury de l'édition 2025 se réunira jeudi 20 novembre à l'école pour auditionner les candidats et candidates et annoncera le résultat en fin de journée. La ou le lauréat sera invité à présenter son travail lors de la Séance solennelle de remise des prix en janvier 2026 dans les grands salons de l'Hôtel de Ville pour recevoir son Prix officiellement.
L'exposition des 7 projets de fin d'études (PFE) est actuellement présentée dans le hall d'exposition de l'école d'architecture de Nancy.
/// Domaine Architecture Théorie Critique (ATC)
Enseignants : Emeline Curien, Hervé Gaff
Atelier Mutations face aux réalités contemporaines
Vers une diplomatie lupine. Crainvilliers (88)
En France, comme dans d'autres pays européens, les forêts et les milieux naturels retrouvent progressivement leurs habitants passés. Depuis 1992, le loup est de retour en France, après en avoir été totalement effacé. Il est revenu naturellement et progressivement sur le territoire, depuis l'Italie, s'établissant d'abord dans le massif alpin avant de se disperser un petit peu partout ailleurs, principalement dans les Vosges et les Pyrénées. Il faut donc aujourd'hui réapprendre à vivre avec ce prédateur en continuant de le protéger. Cela s'inscrit dans une vision future des mutations nécessaires et inévitables, autour de décroissances globales. En effet, les territoires vont devoir vivre davantage autour d'eux-mêmes, développant une autosuffisance plus importante face aux limites de la mondialisation. Ainsi, les mutations de la fin de ce siècle doivent mener à un développement de la biodiversité à la fois dans les environnements et dans nos vies. Il y a une nécessité de comprendre qu'elle est une richesse patrimoniale qu'il faut préserver, respecter et connaître.
Le travail de projet de fin d'études de Valentin Amiotte aborde une proposition autour du réapprentissage de la cohabitation avec les loups sur un même territoire. En posant sa problématique telle que « Comment cohabiter à nouveau avec les loups : exemple d'une réponse architecturale sur le Haut-Plateau vosgien », il se saisit d'un site particulier, sur un territoire donné et propose un exemple de ce qui peut être fait ou adapté ailleurs, les solutions pour une cohabitation fonctionnelle devant être locales.
>> Le choix des enseignants :
L'atelier Mutations est un laboratoire pour expérimenter des interventions prenant en considération les profondes transformations, en cours et à venir, des milieux vivants et des mondes sociaux, économiques et culturels. Le projet de Valentin Amiotte se saisit pleinement d'une problématique complexe, la cohabitation entre loups et louves, et éleveurs et éleveuses, pour réfléchir via l'architecture à de nouvelles réciprocités terrestres. Il construit une proposition élégante, avec une programmation originale, un travail attentif aux seuils et aux limites, et des parcours permettent à chacun et chacune de se rencontrer et d'apprendre dans la rencontre avec l'autre. Ce travail permet d'envisager de nouvelles formes de solidarité entre les habitantes et habitants humains et non-humains d'un territoire.
/// Domaine Architecture Histoire Patrimoine (AHP)
Enseignants : Aurélie Husson, Nicolas Beyret
Atelier Restaurer, reconvertir et transformer
De la vapeur à la vertu - La rotonde PLM de Nevers (58), forge de la ville de demain
Le projet de fin d'études de Delphine Gauthier porte sur le dépôt ferroviaire de Nevers et en particulier sur la rotonde PLM, édifice emblématique de l'ère industrielle. La question du devenir des sites ferroviaires désaffectés, et plus largement des infrastructures techniques du XXe siècle, interroge directement les outils et les échelles de la patrimonialisation contemporaine. Ces lieux, qui ont structuré des territoires entiers et façonné des identités locales, sont aujourd'hui confrontés à l'abandon, à la démolition ou à des formes de reconversion parfois déconnectées de leur histoire. La rotonde PLM de Nevers, promise à la destruction par la SNCF en 2025, a récemment cristallisé ces enjeux. Une mobilisation inédite d'anciens cheminots, d'architectes, d'habitants et d'élus a vu le jour en 2024, révélant l'attachement d'une population à un patrimoine ferroviaire longtemps ignoré. Aujourd'hui sauvée de la démolition, le dépôt ferroviaire devient alors un site ouvert aux champs des possibles. En choisissant de travailler sur le dépôt ferroviaire de Nevers, Delphine Gauthier, originaire de Bourgogne et soucieuse de s 'inscrire dans ses dynamiques territoriales, a pour ambition d'interroger la capacité de ces infrastructures à devenir des lieux de projet pour demain.
>> Le choix des enseignants
Quelles approches des patrimoines pouvons-nous adopter face à un vestige de l'héritage industriel où la nature semble avoir repris ses droits ? Cette immense friche ferroviaire peut-elle incarner une stratégie de résilience en tenant compte de ces nouveaux milieux, vivants et non vivants, en réponse aux enjeux de demain de cette frange urbaine ? Le projet proposé par Delphine Gauthier explore les possibles alternatives de ce site complexe situé à Nevers. La singularité de ce processus de réflexion et de projet transcalaire a retenu l'attention du jury du PFE du domaine d'études de master Architecture Histoire et Patrimoine. Les membres du jury de ce PFE - architecte du patrimoine (Grichka Martinetti), enseignants-chercheurs (Pierre, Maurer, Lucile Pierron, Ana Vida), HDR (Sharam Abadie) - défendent des approaches complémentaires de l'existant. Ils ont souligné la qualité du travail réalisé à travers une approche mêlant les dimensions mémorielle, historique, sociale, écologique et économique. Le jury a salué une approche située d'une éthique de la transformation.
/// Domaine Architecture Villes et Territoire (AVT)
Enseignants : Marc Verdier, Florent Clier
Dugny (55) - Vers le village du commun pour un mieux vieillir ensemble
Penser un habitat adapté au vieillissement dans un territoire en déprise
Comment la prise en compte du vieillissement renouvelle-t-elle notre approche de
l'urbanisme et de l'architecture rurale ? Le territoire meusien est touché par une baisse et un vieillissement démographique important. Dugny-sur-Meuse se distingue par sa stabilité démographique et son attractivité pour les jeunes ménages. Ce village de 1 300 habitants près de Verdun conserve ses services de proximité mais souffre de l'isolement de ses seniors, dont 35 % des plus de 60 ans vivent seuls dans des pavillons dispersés. Le projet de fin d'études de Noémie Gérard s'appuie sur le concept de « commun » et la valorisation du patrimoine déjà-là, notamment les continuités paysagères et les parcours existants qui maillent le village ainsi que les fermes vacantes du village-rue et l'héritage de l'usoir comme espace collectif. Deux stratégies architecturales complémentaires sont déployées. D'abord, la rénovation de fermes abandonnées en habitat intergénérationnel (colocations seniors-jeunes-apprentis) pour créer une ville des 5 minutes facilitant l'accès aux services. Ensuite, la construction d'une maison du commun face à la mairie, bâtiment multifonctionnel accueillant activités périscolaires, services aux seniors, conseil municipal et une MARPA. Cette approche globale privilégie le faire avec l'existant, révèle et mutualise les équipements, favorise les échanges intergénérationnels et utilise les matériaux locaux (pierre d'Euville, bois, chaux de Dugny). Le projet transforme ainsi les défis du vieillissement en opportunités de développement territorial solidaire, créant un véritable village du commun.
>> Le choix des enseignants :
La démarche part de deux constats complémentaires destinés à se rencontrer dans l'invention d'une stratégie architecturale : reconsidérer l'habitat destiné aux personnes vieillissantes et se réapproprier le bâti vacant en coeur de bourg. Une alternative désirable à l'accueil en fin de vie dans des établissements spécialisés en affirmant que les solidarités déployées pour un habitat de qualité destiné aux personnes âgées peut servir un village dans sa complexité urbaine et architecturale en misant sur la valeur de la rencontre, des communs retrouvés, du collectif adapté aux besoins contemporains. La proposition architecturale ne peut dès lors se limiter à un seul nouvel équipement, mais invente une réponse « infiltrée » qui se déploie dans tous les potentiels patrimoniaux repérés. Elle réponds dès lors aux besoins réels des familles, des personnes vieillissantes… tout en intégrant de fait, les enjeux contemporains de respect des paysages, d'économie du foncier, de remise en fonction d'un bâti vacant, de valeurs locales aussi bien en matière d'économie et de filières que de savoir-faire et organisations sociales et culturelles.
Le Projet au delà de ses qualités préprofessionnelles, s'attache à démonter la capacité d'une profession à s'approprier les enjeux contemporains en matière d'économie globale de l'acte de construire (sols, matière, rôle sociétal et urbain…) tout en démontrant les potentiels d'une ruralité en décroissance parfois mal évalués.
Il décline par ailleurs les compétences de l'architecte, dans les échelles d'action imposées plus que jamais par l'époque, depuis les parcours paysagers, jusqu'aux réflexions sur la matière.
/// Domaine Architecture Ingénierie Environnement (AIE)
Enseignants : Caroline Leloup, Marc De Fouquet
Atelier architecture frugale et créative III
Adapter un village vosgien aux enjeux actuels : Liézey (88), l'aménagement du centre et la réhabilitation d'une ferme
Originaire des Vosges et attachée aux paysages et au patrimoine ordinaire, Coline Leclerc a souhaité se confronter aux questions de ruralités pour son projet de fin d'études. Consciente de la nécessité pour les concepteurs de réduire l'empreinte écologique des bâtiments, de limiter l'artificialisation des sols, elle a tenu à travailler sur un projet de réhabilitation d'une architecture ordinaire pour s'intéresser à l'adaptation du bâti ancien aux modes de vie actuels et à la rénovation énergétique. Sa réflexion l'a conduit aux problématiques suivantes: Comment revitaliser un village du massif des Vosges et accompagner son développement en créant du lien ? Comment réhabiliter un patrimoine existant en améliorant ses performances énergétiques et en mettant en valeur ses qualités architecturales et son environnement ? Pour son projet, elle a choisi deux sites du territoire : une ancienne ferme déjà réhabilitée en maison de l'artisanat dans les années 70 et la halle en coeur de village.
>> Le choix des enseignants :
Le travail de l'atelier « Architecture frugale et créative » du domaine Architecture, Ingénierie, Environnement, propose une recherche expérimentale, associant une réflexion sur l'éco-conception et l'écoconstruction dans le développement d'un programme choisi par l'étudiant(e). Le projet sélectionné s'inscrit dans ce contexte particulier. Il illustre la démarche d'utilisation de la matière et d'énergie maitrisée et raisonnée tant par le contexte social et le choix d'implantation que par le détail constructif. Si l'avenir impose d'interroger le bâti existant, il est important de travailler au-delà des villes et des grands ensembles qui la compose. Le travail de Colline Leclerc pose les bases d'une réflexion sur les communes rurales vosgiennes et se place dans un contexte réaliste du dispositif RBMR (Reconquête du Bâti en Milieu Rural). L'étudiante offre par ces interventions une réflexion prospective et systémique, qui confronte les enjeux démographiques, patrimoniaux, économiques et sociaux à l'échelle des villages vosgiens.
/// Domaine Architecture Théorie Critique (ATC)
Enseignants : Nicolas Depoutot, Romain Crozetière
Atelier Architecture des lieux, lieux d'architecture
Le mémorial à la dune, la Normandelière, Bretignolles-sur-Mer (85)
Le sujet du projet de fin d'études d'Adèle Le Gal porte sur la reconstruction, la protection et la requalification de la dune de la Normandelière à Brétignolles-sur-Mer, un site au coeur des débats locaux. Depuis plus de 20 ans, la question de l'aménagement d'un port de plaisance dans le quartier de la Normandelière suscitait de vives discussions à Brétignolles-sur-Mer, reflétant la volonté de la commune de rivaliser avec les villes voisines et de dynamiser son territoire, et le projet est désormais abandonné après des travaux préparatoires destructeurs. Le programme proposé par Adèle Le Gal est un mémorial à la dune en lien avec l'histoire du site et de la ville, un monument-parcours, un espace dédié à la contemplation de l'océan et de la dune aujourd'hui meurtrie. Son projet vise à valoriser la dimension naturelle et paysagère de la Normandelière et explore également la mutation de la ville de Brétignolles-sur-Mer ainsi que l'identité et la mise en valeur du littoral vendéen.
Un volet central de cette démarche porte sur l'importance de la mémoire. Cette dune est bien plus qu'un élément naturel : elle est un témoin silencieux des pratiques, des conflits et des transformations de la région. Entre le désir de commémoration et le devoir de mémoire, le sujet est de donner une matérialité à quelque chose d'immatériel : le souvenir, en suscitant du sens et des sensations à travers l'architecture.
>> Le choix des enseignants :
Le projet d'Adèle Le Gal répond très bien aux attendus de l'atelier de projet Architecture des lieux, lieux d'architecture qui s'adosse explicitement à cette citation d'Aurelio Galfetti : « s'il n'y a pas de projet d'espace, il n'y a pas de projet d'architecture. »
Bien entendu, mettre en avant la question de l'espace ne relègue pas les autres préoccupations de l'architecte conscient et consciencieux comme l'usage et l'économie, dans un contexte écologique dégradé et préoccupant, ce que ce projet démontre.
Ce projet présente des résolutions très convaincantes de l'échelle du paysage à celle du détail et il nous est apparu comme remarquable et exemplaire aussi dans son ancrage dans un imaginaire puissant et pertinent.
/// Domaine Architecture Ingénierie Environnement (AIE)
Enseignants : Sébastien Rinckel et Rémi Rouyer
Atelier L'art de bâtir, l'art d'habiter
Entre les murs, suspendre l'habiter. Site Saint-Sauveur, Verdun (55)
Le projet de fin d'études de Mattéo Robin Miclo prend place rue Saint-Sauveur, à Verdun, sur le site hospitalier du même nom. Cette portion d'îlot, en retrait de la rue, est aujourd'hui occupée par plusieurs bâtiments appartenant à l'hôpital, en état de ruine avancée : toitures effondrées, planchers détruits, intérieur inhabitable. Pourtant, ce site est stratégique. Le projet cherche à le réactiver sans effacer ses strates. Il s'agit de densifier sans alourdir, d'habiter sans occuper le sol, et de rendre visible ce qui était dissimulé. L'objectif est double: recréer une offre de logement adaptée (jeunes actifs, familles modestes, personnel hospitalier), et rendre le site traversant et hospitalier au sens large, en l'ouvrant à la ville par un parc central partagé, aménagé sur l'ancien parking. L'habiter est ici envisagé comme suspendu : les logements prennent place dans une trame aérienne, surélevée, offrant une nouvelle vie aux vides et révélant les qualités du sol libéré. L'architecture agit à la fois comme un filtre, une structure et un récit.
>> Le choix des enseignants :
L'atelier de PFE Art d'habiter – Art de bâtir s'inscrit dans une dynamique partenariale avec des collectivités locales pour réfléchir de manière prospective à la mutation du tissu urbain et des édifices désaffectés pour réactiver les centres et les faubourgs des villes de taille moyenne. Un partenariat avec la Communauté d'agglomération du Grand Verdun a été noué ces quatre dernières années et vient s'inscrire dans les actions de la ville inscrites au programme national Action Coeur de Ville. C'est dans ce cadre de coconstruction avec les acteurs locaux que le projet de Matteo Robin Miclo a été problématisé et élaboré.
La démarche de l'atelier mobilise un savoir architectural et technique qui mêle « art d'habiter » et « art de bâtir » pour mettre au point de nouvelles typologies résidentielles et repenser la manière d'habiter dans ces centres villes. La pensée constructive et la diversité des systèmes de représentation à l'oeuvre constitue le champ d'expérimentation principal du projet. Les critères de sélection de ce projet portent sur sa propension à réactiver un ensemble immobilier en friches sur le site de l'hôpital de Verdun. Situé en bordure d'îlot, il assure une transition entre la vie urbaine et celle du pôle de santé. Le projet s'inscrit dans une logique de sobriété foncière par la mise en valeur de l'architecture existante et l'intégration de nouveaux dispositifs résidentiels. Par extension, il engage à moyen terme une requalification de l'îlot hospitalier et de ses rapports à la ville environnante.
/// Atelier Architecture Théorie Critique (ATC)