Soutenance d'Hugo Steinmetz

Doctorant au LHAC, ED Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Université de Lorraine)
 

Les zones à urbaniser par priorité de Lorraine. Ambitions architecturales et politiques sociales d'un urbanisme imposé. 1958-1985


JEUDI 27 NOVEMBRE / 14h / AMPHI B

Soutenance de thèse ouverte au public
 

Résumé de la thèse d'Hugo Steinmetz

Au tournant des années 1960, la puissance publique Française entend répondre avec force à la crise du logement qui, passée la période de la seconde Reconstruction, n'a cessé de se manifester avec force. Un dispositif législatif original, destiné à accompagner la construction d'équipements et de logements collectifs, est alors mis en place à la toute fin de l'année 1958 : celui de la zone à urbaniser par priorité. Cet outil urbain, dont la finalité concerne d'abord la maîtrise du foncier constructible, fait florès : en France, ce sont près de 200 zones à urbaniser par priorité qui sont décrétées entre 1959 et la fin des années 1960. Au cours de ces décennies, la région de Lorraine fait figure de proue dans le paysage économique français : son industrie de base profite à tous les pans de la société civile et entraîne avec elle la tertiarisation de l'économie autant que l'accroissement démographique des principaux centres urbains, qui saturent rapidement. Dans le Texas lorrain, l'activité sidérurgique qui y est implantée de longue date constitue le moteur principal de l'expansion : les besoins en main-d'oeuvre sont importants. Dans les deux cas, le manque de logements disponibles pour la population conduit la puissance publique à planifier de vastes opérations consacrées à l'habitat pour le plus grand nombre : huit zones à urbaniser par priorité sont décrétées par le ministre de la Construction Pierre Sudreau. Celles de Vandoeuvre-lès-Nancy, Laxou, Villers-lès-Nancy, Metz-Borny ou Épinal doivent assurer le desserrement de centres urbains déjà constitués tandis que celles de Forbach, Fameck et Mont-Saint-Martin doivent permettre d'apporter une réponse aux besoins nouveaux issus des industries de base. Au croisement de l'économie et des sciences politiques, cette thèse en histoire de l'architecture contemporaine explore un pan méconnu de la production et de la réception de formes architecturales et urbaines régionales qu'elle replace dans la perspective des politiques nationales d'aménagement du territoire et de son équipement. Elle s'attache aussi à montrer les évolutions et les mutations que ces zones à urbaniser par priorité rencontrent dans le temps long des politiques de la ville : en effet, les premiers édifices sont démolis ou modifiés moins de trente ans après leur livraison. La méthodologie de la thèse est fondée sur le recours à un matériau archivistique primaire abondant issu des centres d'archives départementaux, municipaux et de l'institut d'études politiques de Paris. Il est complété par le dépouillement systématique de quatre revues françaises d'architecture et de périodiques plus spécifiques au monde du logement social. Le redessin et l'homogénéisation systématique des plans de masse des zones à urbaniser par priorité ainsi que des cellules de logements de chaque opération permet de constituer un matériau nouveau au service de la comparaison. Enfin, le recours aux instruments de recherches des Archives nationales a permis de constituer un atlas des ZUP réalisées sur le territoire métropolitain et une base de données qui compile les architectes et les urbanistes qui participent de leur concrétisation. À rebours de la dépréciation générale qui caractérise nombre d'objets construits au cours du second vingtième siècle, cette thèse cherche à montrer que ces grandes opérations d'architecture et d'urbanisme ont été conduites dans un esprit d'amélioration générale des conditions de vies des Français — tant chez la puissance publique que chez les architectes qui en ont la responsabilité —, bien que leur fortune soit tout autre.

COMPOSITION DU JURY :
  • Rapportrice : Giulia MARINO, Université catholique de Louvain
  • Rapporteur : Gauthier BOLLE, Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Strasbourg
  • Examinateur : Richard KLEIN, École Nationale Supérieure d'Architecture et de Paysage de Lille 
  • Examinateur : Simon EDELBLUTTEUniversité de Lorraine
  • Directrice de thèse : Catherine DESCHAMPS, École Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-La Villette 
  • Co-directrice de thèse : Karine THILLEUL, École Nationale Supérieure d'Architecture de Nancy