Disparition de Paul Virilio

Disparition de Paul Virilio, figure de l'architecture et de l'urbanisme. 

 

Paul Virilio, urbaniste et philosophe, ancien directeur de l'Ecole spéciale d'architecture est décédé le 10 septembre 2018.
Tout au long de sa vie, il s'est distingué par une pensée libre et visionnaire. Il était notamment connu pour ses écrits sur la technologie et la vitesse, qui consituait pour lui une « dromosphère ». 
En 1987, il reçoit le Grand prix national de la critique architecturale décerné par le ministère de l'Équipement, du Logement, de l'Aménagement du Territoire et des Transports. 

Ethel buisson, enseignante à l'école, a bénéficié de l'enseignement de Paul Virilio à l'école spéciale d'architecture dans les années 90. Avec Thomas Billard, elle travaille actuellement sur un recueil de sa pédagogie à l'ESA. Très touchée par son décès, elle a souhaité apporter son témoignage.

« Très chers collègues,

Si vous me le permettez, j'aimerais partager avec vous une pensée pour Paul Virilio,  un enseignant qui a beaucoup compté pour moi. Il avait accepté que je suive ses cours en auditeur libre à l'école spéciale, c'était dans les années 90. J'en suis encore reconnaissante.

Un penseur, un philosophe, un urbaniste, un passeur extraordinaire dont vous avez peut-être déjà lu dans la presse sa disparition.  En plus de ses très nombreux livres dont Esthétique de la disparition,  Vitesse et politique ..  il a été le commissaire de plusieurs expositions à la fondation Cartier.  Il en préparait une dernière.
Ce penseur insatiable dont la pédagogie m'a tant marquée que j'ai souhaité la transmettre et l'enseigner dans notre école.  Il l'avait nommé la pédagogie de l'image mentale. Je suis en train de la mettre en forme de sorte qu'elle soit connue.

Il avait le don de nous interroger sur nos engagements d'architectes au regard de l'éthique. Qu'est ce que veut dire dessiner une prison?  Il continuait de nous interroger sur les différentes typologies dont le cimetière, l'hôpital...
Et pour finir nous demandait si nous pourrions accepter de dessiner un camp de concentration. Et là dans le silence froid que nous donnait la vision de l'infamie, nous comprenions que notre rôle n'était pas seulement de construire des bâtiments mais de participer à une idée de société.

Paul Virilio finissait chacune des lettres manuscrites que je lui connaissais par un « Vive la vie » peut-être pour conjurer la guerre et la destruction qu'il avait connu à Nantes. La vie pour laquelle il oeuvrait avec beaucoup d'engagements dans ses écrits et dans ses nombreuses et énergiques prises de positions.

Je trouve son oeuvre immense dans ce qu'elle nous apporte de réflexions dans le présent. Je suis très touchée par sa disparition et je tenais à vous en faire part.

En Hommage à Paul,
avec gratitude
« Vive la vie »

Ethel Buisson »

Lire l'hommage de Françoise Nyssen